Critère important, voire indispensable pour l’élaboration d’un papier, la présence des fers ou non, ainsi que des plaques, sur un cheval en course est un paramètre à prendre en compte.
Au fil du temps, les technologies autour de cet accessoire n’ont eu de cesse d’évoluer, au niveau des formes, des rôles à jouer et des matières, en effet, on peut en trouver en acier doux, aluminium, composite, plastique, kevlar caoutchouc, nylon, etc… Comme nous autres, les chevaux ont des défauts d’aplombs, de posture, des pieds en pronation ou supination par exemple image :
En fonction des besoins, de l’évolution des performances, les fers ont évolué pour offrir toujours plus de résultats, ils s’inscrivent dans la même recherche que les équipementiers sportif (l’exemple le plus sympa à mon sens étant ces combinaisons de nage qui reprenaient les motifs des denticules composant la peau des requins).
Adhérence, terrain lourd ou non, température du sol, composition des pistes, mâchefer, piste en sable fibré : il est également important de comprendre comment va se faire le contact entre le cheval et le sol, là aussi, les fers entreront en ligne compte en fonction de ces critères pour définir la performance que pourra développer un partant.
Denis Leveillard, maréchal-ferrant spécialiste en orthopédie et en pathologie du pied du cheval :
« L’évolution est certainement due à une meilleure compréhension des surfaces d’appui du pied du cheval. Nous sommes passés de la tradition à une approche plus scientifique du cheval de sport. Traditionnellement, la maréchalerie était basée sur le cheval de travail qui devait tracter dans des terrains profonds d’où un besoin d’une grosse surface d’appui. Cela impliquait de grands bras de levier (*), obligeant le pied à poser à plat et limitant son enfoncement dans le sol. Ce qui était positif aux allures lentes des travaux agricoles, devient nocif aux allures vives : un pied à plat, en ne suivant pas l’inclinaison du membre, entraîne de grosses contraintes articulaires au niveau des doigts du cheval. Avec le développement du cheval de sport, ferrer est devenu plus pointu car nous cherchons à diminuer ces bras de levier et ce, selon la morphologie du cheval et sa discipline. Il y a aussi eu une grosse évolution au niveau des matériaux qui permet de diminuer le poids des fers. Moins le cheval est chargé, meilleur c’est pour sa santé »
Alors comment est choisie la ferrure d’un cheval ? L’important est d’observer sa morphologie, le cheval et la discipline qu’il pratique. La race et l'âge peuvent également entrer en ligne de compte.
« Il est vrai que l’on ferre différemment un poulain pour sa première ferrure qu’un cheval en vitesse de croisière. Un poulain doit rentrer dans ses chaussures. Mais après, cela change peu, sauf si le cheval déclenche des problèmes de pied ou de membre. Il est aussi vrai que l’on ferre différemment un cheval de trait d’un pur-sang, mais c’est plus une question de morphologie et d’activité que de race. »
la morphologie doit être étudiée de près par le maréchal avant tout ferrage :
« Il existe tout un protocole. Je dois connaître quand même l’âge, l’activité, le caractère, après je regarde l’historique sanitaire, puis bien sûr, je cherche à savoir ce qu’attend de moi le propriétaire et son budget. Puis je regarde le cheval dans sa morphologie, ses faiblesses. Je suis peu de chevaux sans problèmes, on m’appelle pour cela. Avec le vétérinaire, on tente d’établir le diagnostic le plus précis possible. Le cheval est-il bien dans des aplombs qui lui sont propres ou faut-il les modifier ? Chaque pied doit être paré afin que le cheval soit au mieux sur chacun de ses membres. »
L’épaisseur des fers ?
« Il y a encore quelques années, les fers en acier étaient plus épais, de 10mm. Comme on cherche à diminuer le poids, on met aujourd’hui des fers de 8mm, mais l’inconvénient majeur, c’est qu’ils s’usent plus vite. »
Le temps que restent les fers sur les chevaux ?
« Autant, autrefois un bon maréchal était capable de mettre des fers qui tenaient 4-5 mois, autant aujourd’hui, c’est la sauvegarde du système locomoteur qui est prioritaire et non plus la durée de la ferrure. La pousse de la corne et donc l’allongement du sabot a pour conséquence l’augmentation des bras de levier. Il vaut mieux que ceux-ci soient trop courts que trop longs. Les chevaux de sport sont ferrés toutes les 4 à 6 semaines en fonction de la vitesse de repousse de la corne et de la discipline. »
Combien ça coute ?
Avec la démultiplication des fers sur le marché, les prix ont eux aussi suivis le mouvement. Si pour une ferrure classique, il faut compter au minimum 70 euros pour les quatre pieds, on peut vite faire monter la facture lorsque l’on souhaite rajouter des plaques, des résines et autres matériaux dernière génération, ou mettre des fers kinésithérapiques. Dans ces cas, le coût d’une ferrure peut facilement dépasser 200 euros.
L’anecdote croustillante :
A l’époque de l’exploitation des mines de charbon, les chevaux étaient ferrés avec des fers en cuivre car ce métal ne provoque pas d’étincelles et… aucun risque de déclencher un coup de grisou.
Il existe 8 sortes différentes de déferrage / plaquage :
• Déferrage des 4 pieds : le cheval court pieds nus, sans aucun fer aux pieds.
• Déferrage des antérieurs : le cheval court sans ses fers devant.
• Déferrage des postérieurs : le cheval court sans ses fers derrière.
• Plaquage des 4 pieds : le cheval court avec des plaques sous les 4 pieds.
• Plaquage des antérieurs : le cheval court avec des plaques devant.
• Plaquage des postérieurs : le cheval court avec des fers devant et des plaques derrière.
• Déferrage des antérieurs et plaquage des postérieurs : le cheval court pieds nus devant et plaqué derrière.
• Plaquage des antérieurs et déferrage des postérieurs : le cheval court plaqué devant et pieds nus derrière.
Voici comment ces différentes configurations sont présentées sur la liste des partants :
L’objectif reste notamment de protéger les pieds des chevaux contre les vibrations et amortit considérablement les chocs. A partir de là, on peut considérer qu’un cheval puisse être avantagé.
En fonction de leurs allures naturelles, certains chevaux ont besoin ou non de poids aux pieds. Un cheval déferré pour la première fois est comme un skieur à qui on ôte ses chaussures. Il ressent une impression de légèreté incomparable qui, le plus souvent, lui permet de donner le meilleur de lui-même… Cet effet peut, ou non, se répéter efficacement à chacune des sorties du cheval.
Depuis 2013 et la génération des « B », le déferrage est interdit pour les pouliches et poulains de 2 ans jusqu’à l’âge de 4 ans. En revanche, ils peuvent être plaqués
Les entraîneurs utilisent presque toujours le déferrage pour une course visée, pour un engagement particulièrement avantageux, avec un cheval parfaitement prêt à courir, ce qui est un signe de grande confiance d’un entraîneur sur la forme de son partant. On retrouve la mention des déferrés et plaqués sur les tableaux des partants.
Deux exemples contradictoires illustrent l’efficacité ou l’inutilité du déferrage :
Selon son entraîneur, Général du Pommeau s’améliorait de près de 3 secondes par tranches de 2000 mètres lorsqu’il était déferré. L’absence de poids lui permettait d’accélérer son extraordinaire jeu de jambes pour une rentabilité multipliée.
Ready Cash ne s’est jamais amélioré, au contraire, chaque fois qu’il a couru pieds nus ou allégé dans sa ferrure. Il avait besoin d’un poids minimum (environ 200 grammes à chaque pied) aux antérieurs pour trouver son passage et éviter de tomber à l’amble.